Sainte Euphrasie
Martyre
fêtée le 17 juillet
Marie-Claude Brard est née à Bourth, dans l’Eure le 12 mai 1736, et baptisée le jour-même. Elle est la troisième d’une fratrie de quatre. Elle n’avait pas atteint sa seizième année lorsqu’elle fut marraine d’une fillette en l’Eglise Saint-Laurent de Verneuil. A nouveau en 1755 elle tient sur les fonts baptismaux de l’église de Bourth une enfant du pays.
Elle entre au Carmel en juin 1756, à vingt ans, et prend l’habit l’année suivante, le 12 août 1757. Elle reçoit alors le nom de Sœur Euphrasie de l’Immaculée Conception, qu’elle portera avec une joie extrême ; en Normandie, on porte le culte très filial à l’Immaculée Conception, à tel point que cette fête y avait reçu le nom de « fête aux Normands ». Le lendemain elle fait sa profession. Elle a 58 ans à sa mort.
Sa vie au Carmel ne se passe pas sans problème. « Cette chère sœur joignait aux dons de l’esprit, qu’elle avait vif et pénétrant, d’excellentes qualités de cœur. Elle était néanmoins d’un naturel sérieux, et jamais on n’eut dit en voyant son air de gravité, qu’elle eut en elle tout ce qu’il fallait pour être, comme elle l’a toujours été, l’âme de nos récréations, tant elle mettait de charme et d’agrément dans sa manière de converser. »
C’est l’originale de la communauté, celle que la Reine Marie Leczinska appelait sa « tout aimable religieuse philosophe ». En réalité un caractère plein d’imagination et de fantaisie, mais peu facile : elle est fort encline au ressentiment à l’égard de sa prieure et à l’amertume de n’être pas choisie pour assumer des charges dans la communauté. En témoignent des lettres de Supérieures ecclésiastiques des Carmélites de France, de son directeur et le récit qu’en fait Marie de l’Incarnation.
C’est fin avril ou début mai 1794 que le Seigneur lui ouvrit les yeux. Elle s’humilia alors dans toute la sincérité de son cœur et elle écrivit à Sœur Marie de l’Incarnation, alors à Paris : « Unissez-vous à moi, ma chère bonne petite Sœur, pour louer les miséricordes du Seigneur, et rendre grâce à son infinie bonté qui a daigné faire tomber de mes yeux les énormes écailles qui les couvraient et me dérobaient la vue de l’affreux précipice où devait me conduire ce misérable et infernal esprit d’orgueil et de jalousie qui a toujours subsisté en moi … Je ne devais pas craindre de m’humilier e je puis vous l’avoir fait dans toute la sincérité du cœur … J’espère que le Seigneur, touché de mon repentir, me pardonnera mes fautes ; depuis que j’ai tâché de me remettre en grâce avec Lui, loin de craindre de périr par la faux révolutionnaire, il me semble la désirer, tant je m’estimerais heureuse de cesser de vivre pour ne plus offenser mon Dieu … » Dans le procès en béatification il est noté : « Toute sa vie a été un combat contre elle-même, et tout le monde, au Carmel comme ailleurs, l’avait en grande vénération, à cause de sa générosité dans ses permanents sacrifices. »