Les Jeunes
Dans un premier temps, le bureau a effectué une étude statistique sur l’emploi, la scolarité, la démographie, la situation familiale, la santé de la jeunesse Euroise. Nous avons rencontré des jeunes pour recueillir leurs témoignages. Le point majeur qui ressort est l’isolement des jeunes :
- Isolement affectif, absence de support familial,
- Isolement économique (pauvreté), en particulier celle des jeunes de 18 à 25 ans privés de droits.
- Isolement géographique, du fait de la dispersion et de l’étendue
- Isolement éducatif, décrochage, échec scolaire…
- Isolement culturel ou social
- Isolement dans le domaine de la santé et du déficit en accompagnement.
Pour télécharger le document statistique des Jeunes 16 - 25 ans dans l'Eure : ICI
Témoignage de jeunes
Invités à « Oser être des vivants », lors du rassemblement de Pentecôte 2018, l’Observatoire a présenté ses travaux sous forme de tableaux, mais a surtout donné la parole à des jeunes. Quatre d’entre eux, Delphine, Anastasia, Michaël et Géraud, ont accepté de venir témoigner à Pentecôte 2018 devant une assistance nombreuse. Un grand merci à eux.
►Delphine a éprouvé des difficultés pour trouver sa voie, " les études je ne m'y voyais pas ", mais sa conseillère d'orientation lui dit de s'orienter vers un bac STL (Sciences et Technologies de Laboratoire). Elle s’est résolue à partir à Lille pour poursuivre ses études, " le manque familial se fait sentir, je venais de perdre mon père. Quand des moments sont difficiles à passer, je peux compter sur la bonne équipe d'aumônerie que j'anime (aumônerie Andelle Pays de Lyons) mais aussi sur des gens de la paroisse qui sont toujours présents, la foi nous aide ". Aujourd’hui technicienne de laboratoire, elle souhaite reprendre le cycle d’étude.
►Anastasia insiste sur " la nécessité de passer par internet pour combler l'isolement dont sont victimes beaucoup de jeunes dans l'Eure". Elle propose " l'organisation de covoiturage par des paroissiens pour les jeunes qui en font la demande par un groupe WhatsApp par exemple, un genre de BlaBlaCar paroissial ! Cela répondrait à la fois à un besoin des jeunes de se déplacer pour des entretiens, des stages, la JDC, les sorties, voir les amis, etc. mais aussi au besoin d'avoir un système de support humain qui manque à beaucoup pour réussir scolairement et professionnellement et oser poursuivre ses rêves ".
►Arrivé en France du fait d’un rapprochement familial en avril 2017, Michaël a éprouvé des difficultés pour faire face à cette nouvelle culture, puis pour poursuivre ses études. Il a trouvé du soutien pour se réorienter sur un BTS en alternance grâce à une entreprise qui l’a accepté. " Le problème des jeunes Eurois qui ne s’en sortent pas avec le système scolaire, est dû à mon avis, au manque de soutien pour les jeunes issus des milieux populaires ". Difficulté pour les jeunes en 3e au moment de trouver un stage de découverte, " ils ne font pas forcement ce qu’ils envisagent pour leur avenir par manque de réseau ".
►Géraud, originaire du Togo s’est retrouvé seul, sans famille et en danger au pays. Son entraineur sportif l’a fait partir en France, où il a été abandonné par le passeur. « J’ai eu à traverser des périodes très difficiles pour m’intégrer et surtout pour me situer sur tous les plans ». Il a été renvoyé de foyer en foyer, a dormi dehors, subi une Obligation de Quitter le Territoire, mais : " J’ai eu la chance de rencontrer de bonnes personnes aux bons moments quand il faut et où il faut ". Géraud a croisé des personnes pendant ses activités sportives qui lui ont conseillé de s’inscrire pour se scolariser et une conseillère du Centre d'Information et d'Orientation de Vernon lui a fait passer des tests de positionnement. Elle l’a orienté vers le lycée Jean Moulin des Andelys ou il a poursuivi 3 bonnes années scolaires. " Pendant toutes ses années j’étais dans un foyer et j’étais mon propre responsable. Grâce aux conseils de mes professeurs et l’accompagnement du Père Denis, je ne me suis pas senti abandonné et c’était là que je trouvais la force pour continuer et surpasser mes difficultés et sans oublier que j’avais vraiment la foi et une très grande confiance en Dieu ". A une semaine de passer son bac, sa demande de régularisation a été rejetée ce qui l’obligea à quitter son logement, sans revenu. Son équipe d’accompagnement et tout le corps enseignant l’ont soutenu, et il a obtenu enfin un titre de séjour. Il poursuit aujourd’hui ses études supérieures en alternance chez dans une centrale nucléaire. " Heureusement que moi j’ai eu la chance d’avoir rencontré une famille qui m’a accompagné dans toutes mes démarches ".
Le Christ vit, comment être des vivants ?
Des associations ou organismes existent déjà proposant leur accompagnement, comme les Missions locales, les points ou bureau d’information jeunesse, des conseillers en Insertion, des associations de santé publique, les clubs de sport, de loisirs, les lieux de rencontre des jeunes, les mouvements et aumôneries...
Surtout observons, observons les jeunes qui nous entourent, qui vivent autour de nous. Repérons leurs difficultés et ne restons pas indifférents. Osons créer du lien avec eux et trouver en nous, par notre expérience, ou en communauté les solutions d’accompagnement qui les aideront à sortir eux-mêmes de leur isolement.
Le bureau de l’observatoire.
6 juillet 2018