Diocèse consacré à la Vierge Marie

Une messe pontificale

" Dans la brume de ce matin d’automne les nobles pierres ciselées vibraient doucement. Mais combien plus une fois entré, avons - nous ressenti profondément que vibrait la prière.

Le faste de la grand’messe pontificale, s’éployant depuis la procession venue de l’abside royale  jusqu’à l’autel majeur où S.Exc.Mgr  Gaudron offrait le Saint  Sacrifice, projetait son éblouissante lumière sur la foule innombrable, qu’elle se trouvât dans le chœur, dans les nefs, les transepts.

Une même foi liait cette assemblée de chrétiens. C’était la fête du Christ – Roi et c’était aussi, pour une clôture triomphale de l’année mariale dans le Diocèse d’Evreux, la bénédiction d’une statue nouvelle de Notre Dame de Lourdes.

L’office marial de l’après – midi  allait être le couronnement.

Nous revoyons la grande nef où la foule debout obéit aux consignes aimables et fermes de la Commission liturgique de la Cathédrale et de l’Hospitalité de Lourdes pour laisser à la procession le plus large passage. Procession composée de : vicaires, professeurs, aumôniers, une trentaine de doyens, cinq archiprêtres,  le Père Abbé du Bec Hellouin, Dom Grammont , vicaires généraux et Son Excellence Monseigneur l’Évêque.

Un hommage particulier s’est élevé vers la Vierge.
Des cantiques ont déjà été chantés et, du sanctuaire, une voix  priante et éloquente, a lu de belles pages de Charles Péguy. Le « Jubilate Deo » de Mozart  a succédé à Beethoven.

Ce fut M.L’abbé Méron, curé de La madeleine, qui du haut de la chaire, commenta et dirigea le chapelet psalmodié.

Lourdes, une fois de plus s’imposait à l’esprit, Lourdes d’autant plus présente que le Père Abbé du Bec Hellouin allait, en une homélie toute nourrie de la pensée de Saint Anselme, exalter Marie " Mère des choses recréées, Marie qui a enfanté Dieu par qui tout a été sauvé " .

Puis Mgr Gaudron et tout le clergé se rendirent alors vers le Transept Nord, pour la bénédiction de la statue de Notre Dame de Lourdes, sculptée, dans une pierre de l’Oise , par Mme Josette Hébert-Coëffin.

Et l’instant fut solennel vraiment où l’Évêque d’Évreux se tournant vers Notre Dame lui redit , au nom de ses chrétiens comme en son nom à lui, la Prière de Pie XII.

Don Grammont donna la bénédiction du Saint Sacrement après que la chorale ait chanté le Sanctus de la messe de  Beethoven, l’Ave Vera  Virginitas de Joaquim des Prés et, la foule entière avec elle, le Tantum Ergo.

Un grand silence se fit dans la Cathédrale entrée doucement dans la pénombre du soir. Seul resplendissait intensément le très précieux ostensoir d’Or constellé de diamants.
Le Psaume 150 de Franck pouvait alors éclater triomphal  comme devaient retentir les acclamations du " Chez – nous Soyez reine " , qui  prolongeaient jusqu’au trône de Marie la ferveur du Diocèse D’Évreux "

Extrait de la vie diocésaine d’Évreux – Jehan Le Povremoyne
Service des Archives historiques du diocèse d'Évreux

La Prière du Pape Pie XII

" Ô Marie, Mère Immaculée de Jésus et notre Mère, nous nous jetons entre Vos bras "

" Ô Marie, Mère Immaculée de Jésus et notre Mère, saisis par la splendeur de Votre céleste beauté et pressés par les angoisses de ce temps, nous nous jetons entre Vos bras, certains de trouver dans Votre cœur très aimant la satisfaction de nos ferventes aspirations et le refuge assuré dans les tempêtes qui de toutes parts nous assaillent. Nous sommes accablés par nos fautes et succombons sous le poids d'infinies misères et pourtant, nous admirons et chantons l'incomparable richesse des dons sublimes dont Dieu Vous a comblée au-dessus de toute autre créature, depuis le premier instant de Votre conception jusqu'au jour où, élevée au Ciel, Il Vous a couronnée Reine de l'univers.

Ô limpide Source de foi ! Abreuvez nos esprits des vérités éternelles.

Ô Lys odorant de toute sainteté ! Imprégnez nos cœurs de Votre céleste parfum.

Ô Triomphatrice du mal et de la mort ! Inspirez-nous une profonde horreur pour le péché, qui rend l'âme abominable à Dieu et esclave de l'enfer.

Écoutez, ô Bien-Aimée de Dieu, le cri fervent qui s'élève de chaque cœur fidèle. Penchez Vous sur nos plaies douloureuses. Changez le cœur des méchants. Séchez les larmes des affligés et des opprimés. Réconfortez les pauvres et les petits, éteignez les haines, adoucissez la dureté des mœurs, gardez chez les jeunes la fleur de la pureté, protégez l'Église sainte, faites que les hommes ressentent tout l'attrait de la bonté chrétienne ; en Votre nom, dont l'écho retentit harmonieusement dans les Cieux, que les hommes se reconnaissent frères et les nations membres d'une seule famille, sur laquelle resplendisse le soleil d'une paix sincère et universelle.

Accueillez, ô Mère très douce, nos humbles prières et obtenez-nous, par-dessus tout, de pouvoir un jour répéter devant Votre trône, jouissant avec Vous du bonheur éternel, l'hymne qui monte aujourd'hui sur la terre autour de Vos autels :

Vous êtes toute belle, ô Marie ! Vous êtes la gloire, la joie, l'honneur de notre peuple.

Ainsi soit-il ! "

Pape Pie XII (1876-1958)