Réduire la " fracture numérique "
Déjà avant la crise sanitaire beaucoup de démarches administratives se faisaient par internet (CAF, Pôle Emploi, carte famille nombreuse SNCF, demande de rendez-vous à l’Assurance Retraite,…) à moins de vouloir passer de longs moments à attendre une réponse au téléphone ou lors d’une permanence d’accueil physique. Bien des personnes ont été laissées sur le bord de la route notamment des personnes âgées, celles ayant du mal avec la lecture ou avec la langue française, habitants dans des zones « blanches » ou « grises »… Des Maisons ou Relais des Services publics se sont ouverts afin d’aider les populations à contacter les administrations, des associations et collectivités locales ont mis en place des initiations et formations aux outils numériques.
Pendant la période de confinement cette fracture s’est agrandie car laissant des personnes, âgées ou non, seules devant leur écran de téléphone ou d’ordinateur quand elles en avaient un ! Comment fait une famille de 5 personnes avec un père enseignant donnant des cours à distance et 3 enfants en collège et primaire avec une tablette et un ordinateur ? Comment imprimer les exercices et les cours quand on n’a pas d’imprimante ? Recevoir les cours sur son téléphone portable, les recopier à la main, prendre une photo de l’exercice fait et les renvoyer à l’enseignant… Comment acquérir de nouvelles connaissances quand on est seul devant le cours, qu’on n’arrive pas à aller au-delà de l’application d’une méthode sans en comprendre la finalité ?
Bien des parents ont été mis en télétravail, ou plutôt en travail à la maison improvisé, sans matériel dédié, sans mobilier adapté, tout en devant assurer en même temps l’accompagnement de leurs enfants. Mais beaucoup de métiers ne sont pas en possibilité de télétravail : éboueurs, soignants, caissières, agents des réseaux de télécommunications et bien d’autres.
En Église beaucoup d’échanges ont eu lieu sur les réseaux sociaux, bien des textes et propositions de prières, célébrations,… ont été envoyées par courrier électronique et c’est très bien. Mais alors qu’on ne pouvait se déplacer, comment joindre les membres de nos communautés paroissiales ou de mouvements sans internet ou ordinateur ? Y avons-nous seulement pensé ?
Beaucoup d’initiatives solidaires ont été prises tant pour imprimer et distribuer les cours aux élèves, pour rester en lien avec des membres des communautés et ainsi briser l’isolement. Des établissements scolaires, des associations, des collectivités locales ont distribué des tablettes, prêté des ordinateurs, mis en place un soutien à distance, etc. mais beaucoup d’enfants qui étaient en difficultés ont décroché. Et bien des personnes ont le sentiment d’être dépassées par un monde qui va trop vite pour elles avec un sentiment d’exclusion.
Quelques pistes d’actions :
Déjà ne pas accroître malgré nous la fracture numérique en nous demandant toujours si ce que nous faisons, par exemple un envoi d’informations ou le covoiturage, sera accessible à tous.
Refuser l’idée dominante que le numérique et plus généralement la technologie, peut pallier à tout et remplacer les contacts humains et rencontres réelles.
En lien avec l’encyclique Laudato Si, faisons le bilan de l’impact de ces technologies sur la planète et l’humanité (consommation électrique, métaux rares dont l’extraction pollue et exploite des enfants, etc.).
Dresser le bilan de cette absence de rencontres communautaires en regardant le foisonnement d’initiatives d’églises domestiques, de prières à la maison,… et voir comment les continuer dans un contexte différent…