Témoignages
Sommaire
Témoignage de François Gervais - Ancien délégué diocésain
Témoignage de bernard Fagoo - sa mission
Témoignage de la femme d'un diacre : Emmanuelle Stawski
Le diacre permanent : un lien essentiel entre l’Église et la société par le P. Jean-Marc Le Cam ancien accompagnateur
Avant tout je voulais dire ma joie d’accompagner le diaconat permanent. Ces hommes, ainsi que leurs épouses qui les soutiennent sont des appels pour chacun de nous à vivre l’Évangile…
Chaque diacre permanent est présent et acteur dans le monde, appelé par l’Église, peuple de Dieu. Il est ferment dans la pâte humaine, souvent marié, père de famille…
C’est un homme appelé à être SIGNE de l’amour de Dieu pour tous. Il est bon se rappeler que le diaconat n’est pas d’abord de l’ordre du faire, mais de l’ordre du signe. Les ministres sont d’abord un don que Dieu fait à son Église. (cf. Ep 5, 21-33). Ainsi le diacre est d’abord signe du Christ serviteur. Jésus, en lavant les pieds de ses disciples le soir où il instituait l’Eucharistie, signifiait qu’il est aussi important de se mettre au service des hommes que de se nourrir de son Corps. La mission du diacre est d’abord d’être attentif aux personnes, là où il vit (famille, travail, monde associatif…). Il est donc tout naturel que, contrairement aux prêtres, la règle de l’Église, reconnaisse au diacre permanent le droit à l’engagement politique ou syndical. La présence du diacre rappelle aux chrétiens, qu’en tant que baptisés, ils ont à servir les hommes et, aux hommes (Chrétiens et non chrétiens) qu’il côtoie tous les jours, que l’Église est proche d’eux, attentive à leurs joies et leurs peines.
Est-il nécessaire de rappeler que par son ordination, le diacre n’est plus laïc, mais il est en lien avec les membres de la communauté chrétienne pour rappeler que tout baptisé est appelé au service des hommes avec lesquels il vit. D’autre part, ce n’est pas parce qu’il peut célébrer baptêmes et mariages qu’il supplée le prêtre. Sa mission est différente et complémentaire de ce dernier. Le prêtre est d’abord envoyé aux communautés chrétiennes pour qu’elles vivent la relation à Dieu et aux frères. Il est signe et facteur d’unité dans la communauté composée de baptisés très divers. Le diacre est d’abord au service des hommes dans le milieu où il vit, pour signifier que c’est la vocation de tout baptisé. C’est à ce titre que le diacre est habilité à transcrire l’Évangile dans la vie par l’homélie. La préparation et la célébration des cérémonies du lien : baptême, mariage, et funérailles sont vécues par lui comme un service particulier aux hommes en quête de sens auprès de l’Église, lors des temps forts de leur vie.
Le diaconat est donc la rencontre d’un charisme personnel et d’un appel de l’Esprit, par l’intermédiaire de la communauté chrétienne. Pour que le service que l’Église doit aux hommes soit aussi diversifié que leurs besoins et leurs détresses, les diacres appelés sont d’origine, de culture, d’insertion diverses, et notre diocèse est riche de ces diversités. Chaque diacre ne peut incarner seul les différentes facettes de son ministère, ainsi le diaconat prend figure, et encore de façon incomplète, au travers de la fraternité diocésaine du diaconat. De même les missions confiées aux diacres sont, elles aussi, diverses (pour notre diocèse : pastorale de la famille, des malades, diaconat, accompagnement des handicapés, des divorcés, des catéchumènes, de mouvements d’Action catholique, carrefour Rural, Servie des pèlerinages, etc…). Lorsqu’ils se rassemblent, les diacres prennent conscience eux-mêmes, dans cette diversité, de la diaconie de l’Église diocésaine et des manques qu’il reste à combler.
Mais quelle joie aussi d’accompagner le temps de l’interpellation, du discernement et de la formation au diaconat… On peut se proposer au diaconat, mais c’est l’Eglise qui invite un homme à réfléchir, pendant au moins un an, parfois deux ou trois, à l’éventualité du diaconat. On dit alors de ces hommes qu’ils sont « interpellés » en vue d’un éventuel diaconat. Commence alors la formation proprement dite, chemin autant spirituel et pastoral qu’intellectuel. Le candidat au diaconat et son épouse se forment théologiquement et pastoralement pendant trois ans avant l’ordination puis trois ans après. Le chemin vers l’ordination est parsemé d’étapes : appel officiel et écrit de l’évêque, admission parmi les candidats un an avant l’ordination, charges du service de la Parole et de la Prière entre dix et six mois avant l’ordination… Ces étapes illustrent la bonne pédagogie de l’Église dans la préparation à un sacrement qui engage toute la vie, jusqu’à la mort, comme le mariage.
Chers amis, baptisés, diacres , prêtres, évêque, rendons grâce à Dieu pour ces visages du Christ serviteurs qui au milieu de nous, nous lancent cet appel à vivre ce que nous trouvons au début de Gaudium et Spes :
" Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps,
des pauvres surtout, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses
et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur "
François Gervais - Ancien délégué diocésain
À l'appel du Père Christian Nourrichard, j'ai accepté d'être délégué diocésain du diaconat chargé des personnes en cheminement vers le diaconat, Une lettre de mission définit ma responsabilité :
- Soutenir une pastorale de l'appel d'hommes au diaconat en fonction des réalités du département et des différents secteurs de pauvreté
- M'investir dans le discernement et le " traitement " des candidatures qui arrivent au Comité diocésain du diaconat
- Suivre la formation provinciale des futurs diacres en lien avec la personne déléguée au titre du diocèse
- Être en relation avec les délégués au diaconat de la Province normande
L'équipe du Comité Diocésain du Diaconat (CDD) constitue pour ma mission un important point d'appui en collaboration étroite avec le père Jean-Marc Le Cam, prêtre accompagnateur du service diocésain du diaconat.
Les Évêques normands ont décidés de pré requis pour l'entrée en formation :
- Avoir un parcours diocésain ou autre sur le Mystère Chrétien
- Avoir une expérience de collaboration en Eglise déjà vécue et éprouvée
- Etre en activité professionnelle lors de l'ordination diaconale (donc environ 50 / 52 ans maxi) et 10 ans de mariage
Le diocèse reste attaché au passage par l'École des Ministères. Importance de la connaissance et de l'appartenance à l'Eglise diocésaine.
Processus en vue d'une ordination diaconale
- Interpellation:
les communautés chrétiennes, les conseils pastoraux, les mouvements et associations de fidèles, les prêtres, les diacres, dans la discrétion, font remonter des noms au délégué diocésain et au prêtre accompagnateur qui, après présentation de la candidature, les interpellent.
L'épouse participe aux différents temps proposés:
- Discernement :
temps de réflexion et de recherche (1 ou 2 ans) en groupe pour permettre d'éclairer le sens de l'appel reçu. A l'issue, chacun (Église ou candidat) décide en toute liberté de poursuivre ou non ce qui peut provoquer une blessure profonde. Dans ce cas, il est très important d'entourer la personne et de lui faire sentir que d'autres chemins sont possibles. - Formation: trois années avant l'ordination avec comme fil rouge les évangélistes Matthieu, Marc et Luc. Puis, trois ans de formation continue.
Étapes vers l'ordination:
- Mise en place d'une équipe d'accompagnement. Accompagner dans la prière et l'amitié, mais également contribuer au discernement de la vocation et déterminer la mission à confier.
- Admission parmi les candidats au diaconat au cours de la deuxième année de formation: Le candidat exprime sa demande à l'Évêque qui prend avis du CDD. Cette lettre exprime la libre démarche du candidat. Elle rend compte à l’Évêque de ce qu’il a vécu, découvert et acquis durant ce temps de discernement. S’il est marié, l’épouse fait parvenir par écrit à l’Évêque son accord pour que son mari poursuive son cheminement vers le diaconat.
- Célébration des institutions "lectorat et acolytat" dans la paroisse du candidat, ministères de « Serviteur de la Parole, de la Prière communautaire et de l’Eucharistie »
- Ordination diaconale fin de 3ème année
Je suis investi pleinement dans cette mission. Je vis des moments forts d'amitié, de découvertes, de partage aussi bien au niveau diocésain que provincial.
Mission diaconale par Bernard Fagoo
J'ai été appelé par Monseigneur Jacques Gaillot et je suis ordonné diacre permanent depuis 22 ans. Ma mission initiale était auprès de ma famille puisque j'avais 5 jeunes enfants, dans le milieu de la solidarité et pour le catéchuménat. J'ai toujours beaucoup de joies dans l'accompagnement de jeunes adultes qui veulent connaître Jésus Christ et faire partie de la famille des chrétiens.
Depuis deux ans ma mission est au Carrefour Rural basé au Neubourg. Nous travaillons actuellement dans trois directions. La première est pour le respect de" notre mère la terre". (Je suis particulièrement sensible au respect de la Création comme suite à l'encyclique Laudato si' du pape François. C'est une conversion personnelle dans les modes de consommation, de tri, de jardinage, de déplacement avec des petits gestes de changement pour limiter mon empreinte). Les Évêques de France ont publié un fascicule " Nouveaux modes de vie " pour enraciner le changement de paradigme. Nous sollicitons actuellement les paroisses pour organiser des rencontres autour d'un des thèmes
" mieux consommer, mieux habiter l'espace, ou mieux accueillir les migrants".
Nous avons aussi à relayer la proposition " Eglise verte". Enfin sur le secteur Nord Ouest des actions "marches ramassage" sont organisées le long des routes pour récupérer les déchets et faire appel à plus de civisme.
La crise agricole et la désertification des services en rural demandent une écoute et des réponses. Un projet de bus itinérant est en préparation en partenariat avec le Secours Catholique.
Le troisième domaine est le pôle jeunesse qui retrouve de la vigueur avec la résurgence du mouvement MRJC.
Je suis profondément heureux d'être diacre pour notre Eglise. Jésus Christ, signe d'amour pour tous les hommes particulièrement les plus petits, m'habite profondément et j'essaie de le vivre pleinement .
Avec Geneviève mon épouse nous avons à cœur de porter la bonne nouvelle de Jésus Christ ressuscité.
Nos enfants fondent leur famille. Nous les soutenons de nos valeurs sur un chemin qu'ils tracent librement.
Épouse de diacre: Emmanuelle Stawski
La place de l’épouse dans la mission diaconale de son mari est une affaire de sensibilité, de confiance, d’équilibre et de discernement. Si c’est Roman seul qui est ordonné, ses missions actuelles nous concernent tous les deux, la Pastorale des Familles et l’accompagnement des relations avec le diocèse anglican de Salisbury. C’est une grande chance de pouvoir vivre cela à deux : cela nous oblige à travailler ensemble, en complémentarité, à échanger, à nous soutenir, à nous épauler.
C’est un grand bonheur de vivre de manière renouvelée notre sacrement de mariage et de l’élargir aux dimensions de la mission. Il est évident que rien ne serait possible sans une remise totale entre les mains du Seigneur, en lui redisant « oui » tous les jours et en vivant la confiance que c’est pas nous qui agissons mais Lui qui agit en nous.
Dans le quotidien, en raison des activités professionnelles de Roman, la mission exige beaucoup de discernement, de gestion de l’emploi du temps, d’acceptation de nos limites : les agendas sont bien remplis, parfois trop, mais comme nous sommes trois (notre couple et Dieu), tout se fait dans la sérénité et un sentiment de plénitude : j’ai beaucoup de joie à m’associer à ce que je peux de son ministère. Dans la disponibilité, la discrétion et l’enthousiasme.
