Lettre pastorale de rentrée 2018
Accueillons le Christ, l’Esprit dit : " Osons la mission ! "
Accueillons le Christ, l’Esprit dit : " Osons la mission ! "
Sur le site du pavillon des Aulnes au Vaudreuil le 20 mai dernier, nous avons décliné dans la joie et sous le soleil le verbe « oser ». Que retirer de ce rassemblement ? Qu’envisager à présent ? Comment poursuivre la mission après cette démarche synodale qui nous a engagés pendant plus de trois ans ?
Je vous invite à visionner en Communautés Locales, en paroisses ou en groupes divers la vidéo qui a été réalisée pour le rassemblement. Elle nous donne autant de pistes d’envoi en mission que je voudrais prolonger, autant d’idées à partir de ce visage du Christ que nous avons à faire découvrir sans cesse.
Pour visionner la vidéo
Pour télécharger le lettre pastorale, cliquer ICI
Sommaire
Une Église au service de ce monde.
La place des jeunes, comment on s'y prend ?
Des paroisses, communautés de foi ouvertes et missionnaires.
Sereins dans notre foi et soucieux du dialogue.
Une Église accueillante, qui rayonne et qui appelle.
Une Église au service de ce monde
Il est fondamental que notre foi se traduise dans des actes concrets, dans des attitudes qui sont celles mêmes de Jésus. Si l’Église se rassemble pour célébrer le Christ, c’est aussi pour qu’avec Sa force, la force de l’Esprit, elle aille à la rencontre des autres.
Le Festival des Sans Voix du 1er mai est à poursuivre. Ces personnes-là ont mille et une choses à nous dire, à nous communiquer. Personne n’est trop petit pour n’avoir rien à partager ! Regardons Jésus. Qu’a-t-Il fait ? Il est allé à la rencontre des uns et des autres, Il les a mis en confiance, de telle sorte qu’ils ont pu se relever et aller de l’avant (Évangile selon St Marc - Chapitre 2, verset 9).
Nous avons tous besoin les uns des autres. En apportant à l’autre, on s’enrichit. Une Église au sein de laquelle on partage nos richesses n’en sera que plus belle ! Allons au-devant des autres, en commençant par les plus proches.
Des migrants sont aujourd’hui à notre porte. Qu’importe la façon dont ils sont venus en France ! En les accueillant, c’est le Christ lui-même que l’on accueille.
" J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli "
(Évangile selon St Matthieu - Chapitre 25, verset 35).
Aidons-les, en partenariat avec les associations spécialisées, pour des papiers, un logement, une recherche d’emploi, l’apprentissage de la langue française…
La fraternité n’est pas une option. De toute façon, on ne peut pas être chrétien sans être toujours plus humain ! C’est notre fondement. Ensuite, comme chrétien, c’est l’Esprit du Christ qui nous fait vivre. C’est son regard qui nous pousse à collaborer avec les autres pour que la vie soit toujours meilleure pour tous.
La place des jeunes. Comment on s’y prend ?
Les jeunes sont motivés pour participer activement aux célébrations liturgiques. Leur recherche de dimension spirituelle, intérieure est évidente ! Cela dit, en tant qu’adultes, nous devons aussi avoir le souci de les aider à témoigner de leur foi en dehors de nos églises.
Celles et ceux qui demandent le sacrement de la confirmation me font part de leur foi et de leur expérience évidente de l’Église. Je rends grâce pour la beauté de nombreuses lettres d’entre eux ! Mais ils me disent aussi leurs difficultés à vivre cette foi, à en témoigner. Alors, comment les aider ? Comment leur permettre d’avoir des arguments pour rendre compte de leur foi, à la fois en paroles mais aussi dans leur manière d’être avec leurs camarades, dans leurs différents lieux de vie ? Tout ce qui s’est vécu pendant la démarche synodale est très prometteur. Lorsqu’on les sollicite, lorsqu’on leur laisse la place, on se rend compte qu’ils savent très bien faire.
Les adultes, aînés dans la foi, ont bien sûr un rôle à jouer dans l’animation de groupes, l’accompagnement à la fois collectif et individuel. L’Église, c’est tous ensemble ! J’invite les adultes à s’impliquer avec eux, à avoir ce souci de vivre avec eux à la fois le quotidien mais aussi des temps forts, des rassemblements, des pèlerinages qui sont toujours des temps de grâce ! C’est ensemble que nous constituons cette Église. Une Église au sein de laquelle on partage entre générations n’en sera que plus belle !
Fort des investigations de l’Observatoire Économique et Social diocésain, j’ai décidé l’embauche d’un jeune au service des jeunes et de leur croissance dans la vie chrétienne, au service de leurs frères et sœurs en humanité. Le profil du poste est à préciser dans les semaines à venir.
Des paroisses, communautés de foi ouvertes et missionnaires
Le souci de vivre les uns avec les autres des temps forts et vrais est réel, spécialement en paroisse. Aujourd’hui, le risque d’isolement est grand, tout autant dans le rural que dans l’urbain, autant chez des personnes âgées, veuves, célibataires que pour celles et ceux qui sont apparemment bien intégrés. Nous pouvons éprouver ce paradoxe d’une société où on parle beaucoup de communication, où nos moyens pour la vivre sont multiples, et où pourtant le sentiment de solitude est parfois fort ! Le danger de s’isoler dans son univers est bien présent. Quel monde où on va parfois avoir l’impression qu’on est plus proche des gens qui sont à des centaines voire des milliers de kilomètres que de ses voisins !
Ayons le souci de paroisses accueillantes, ouvertes à celles et ceux qui frappent à leurs portes, même ponctuellement. Soyons des artisans de liens. L’intergénérationnel est un mot à la mode dans notre Église : je souhaite qu’il devienne vraiment une réalité ! Elle se vit parfois en catéchèse, lors de certains temps forts. Il y a encore trop de célébrations liturgiques où les anciens partent lorsque les jeunes arrivent ! Il y a un réel danger à opposer les uns aux autres. Une Église au sein de laquelle on retrouve anciens et nouveaux, jeunes et moins jeunes n’en sera que plus belle ! C’est bien ensemble que nous sommes l’Église de Jésus-Christ.
L’intérêt de vivre l’intergénérationnel est de permettre l’échange, la communion entre les personnes de tous âges. Les jeunes vont apporter leur simplicité et leur dynamisme, lorsque les plus anciens vont faire preuve d’expérience et de sagesse. Et c’est dans cette rencontre des uns avec les autres, dans des choses que l’on vit ensemble très simplement plus que dans des paroles et des discours que va se forger une amitié réciproque. Rien de moins que cette amitié que le Christ éprouve pour nous (Jn 15, 15) et qu’Il nous invite à vivre entre nous !
Sereins dans notre foi et soucieux du dialogue
L’accompagnement spirituel est un soutien précieux pour notre vie chrétienne. Il est même indispensable lorsqu’on exerce une responsabilité, au nom de son baptême. L’activisme nous guette, surtout dans un contexte ecclésial dans lequel nous sommes moins nombreux. Notre premier réflexe est bien souvent de nous demander ce que l’on va faire. Mais sûrement faut-il en tout premier se demander au nom de qui, avec quelles forces : les nôtres ou celles de l’Esprit ? Avant de s’engager, il est important de se poser, de s’arrêter et de commencer par relire le chemin parcouru jusque-là. C’est ce que l’accompagnement spirituel permet. Il peut se vivre de différentes façons, selon notre état de vie, notre engagement dans l’Église.
Permettez-moi d’insister et de redire l’évidence : être accompagné spirituellement s’impose particulièrement aux ministres ordonnés, prêtres et diacres, et aux consacrés. Sinon, le grand risque est de tourner dans le vide, de faire beaucoup de choses... Mais avant de faire beaucoup de choses, il faut d’abord être, être quelqu’un qui s’imprègne de l’amour du Christ.
Je sais que des prêtres y consacrent une grosse partie de leur ministère. Je remercie aussi le Service diocésain de la Vie Spirituelle pour ses multiples propositions : Retraites dans la Vie, Haltes spirituelles, récollections… Il permet à celles et ceux qui le demandent d’être accompagnés, et à celles et ceux qui l’acceptent de se former pour l’accompagnement à leur tour. Là, la fraternité en Christ peut concrètement se vivre.
C’est grâce à l’Esprit du Christ que l’on communique et que cette communication peut s’établir avec tous. J’en appelle au dialogue au sein de nos communautés, notamment pour échanger sur les questions internes à l’Église mais aussi pour prendre part aux débats qui occupent notre société et dont nous ne pouvons-nous désintéresser. Mais nous devons aussi être cette Église en sortie que notre Pape François appelle de ses vœux, une Église qui dialogue avec celles et ceux qui ne partagent pas notre foi ou qui sont membres d’autres Églises ou croyants d’autres religions. Une Église au sein de laquelle le compagnonnage se vit entre frères et sœurs en humanité n’en sera que plus belle !
Une Église accueillante qui rayonne et qui appelle
Tout baptisé a une vocation et, par voie de conséquence, une mission. Cette mission que nous avons tous reçue au baptême, c’est d’annoncer au plus grand nombre qui est Jésus-Christ pour nous, Le communiquer, en rayonner.
Bien sûr, l’annonce de l’Évangile est la première mission confiée à l’évêque d’un diocèse, à son presbyterium. Mais l’Église de Jésus Christ a besoin de tous pour l’évangélisation. Le monde attend la Bonne Nouvelle du salut. Les ministres ordonnés ont besoin de collaborateurs pour la mission. La coresponsabilité prêtres-laïcs est essentielle au bon fonctionnement de notre Eglise.
J’appelle tous les fidèles de notre diocèse à être fiers de leur foi, fiers de connaître Jésus Christ. « Nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu » (Épître aux Romains - chapitre 5, verset 2). La fierté n’est pas l’orgueil, bien sûr ! Elle implique même l’humilité propre au disciple du Christ. Sous la plume de Paul, il me semble que c’est cette aptitude à donner à voir dans notre vie quotidienne Celui sur lequel nous nous appuyons. J’en appelle à la fierté de désigner notre Rocher, le Christ ! (Premier épitre aux Corinthiens - Chapitre 10, verset 4). Car c’est bel et bien Lui qui nous donne de garder le cap de l’espérance, quelles que soient les épreuves à traverser et les oppositions à vaincre. Une Église qui répond aux défis parfois subtils du monde de ce temps n’en sera que plus belle !
Enfin, j’appelle les fidèles du diocèse d’Évreux à être catholiques. Qu’est-ce que cela veut dire ? Etre catholique, c’est être ouvert au-delà de l’ombre… au-delà de l’ombre de son clocher ! Il en va de notre condition de partager avec les hommes et les femmes qui vivent sur d’autres continents, dans d’autres conditions de vie, cette même foi en Jésus-Christ. Mon frère de Boma, Mgr Mbuka, nous a invités le jour de la Pentecôte à oser la catholicité. A mon tour de vous recommander la lecture, la réflexion et l’échange à partir du texte de sa conférence. Comme au temps de l’Église primitive, soyons heureux de vivre notre foi au Christ et de la partager bien au-delà de nos pays, de nos continents et de nos cultures !
Depuis 2014, nous n’avons pas cheminé ensemble pour rien ! L’Esprit de " Pentecôte 2018 " est venu opportunément nous conforter et nous relancer dans la mission.
A présent, en écoutant le Christ enseigner, annoncer le règne de Dieu, osons à notre tour témoigner.
En voyant le Christ vivre, guérir, relever, osons nous aussi être des vivants.
En écoutant le Christ appeler et envoyer, osons être des relais, des artisans de paix et de fraternité.
En voyant le Christ prier, osons invoquer son Esprit sans lequel nous ne savons pas prier comme il faut (Épitre aux Romains - Chapitre 8, verset 26) et redire sans cesse : Notre Père…
Allez, je vous envoie !
Osons ensemble la mission !
Et entendons et réécoutons pour nous-mêmes cette parole de Jésus à la fin de l’Évangile :
"Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde "
(Mt 28, 20).
Évreux, le 1er septembre 2018
En la fête de tous les Saints et les Saintes du diocèse
+ Christian NOURRICHARD
Évêque d’Évreux