Les cloches de l'église Notre Dame de Louviers
La plus ancienne cloche connue a été offerte par un marchand-drapier lovérien en 1372. La « Liard » a été refondue et rebaptisée Marie en 1615 puis 1713 (elle pesait 4 tonnes), elle avait aussi déménagé de la Tour Lanterne à celle du beffroi en 1440.
Cinq sœurs plus petites ont complété le carillon jusqu’à la Révolution et leur fonte. Remplacées sous l’Empire et la Monarchie de Juillet par cinq autres, la plus ancienne qui nous reste est de 1840. Bien connue des lovériens pour lesquelles Modestine-Euphrasie a longtemps sonné les heures de travail des usines d’où son surnom de « la journalière ». Elles ont été fondues sur place, traditionnellement, jusqu’en 1850. Les fondeurs se nommaient des « Saintiers », parce que les cloches portent des noms de saints.
Autre constante, les parrains et marraines sont toujours issus de la même classe socioéconomiques : notables, hauts fonctionnaires, élus locaux… dont Jean-Baptiste Decrétot qui a introduit à Louviers machines textiles et fabrication à l’anglaise pour un textile en pleine révolution industrielle. Modestine-Euphrasie nous rappelle que les cloches ont eu et ont encore des fonctions d’abord religieuses, bien sûr, mais aussi civiles.
Faites pour rythmer la vie religieuse et paroissiale, elles annoncent bien sûr les offices, messes ordinaires ou grandes cérémonies. Elles rythment aussi la vie des paroissiens, en quelque sorte : baptême, mariage, funérailles pour lesquelles sonne le glas (tintement rapproché sur une ou deux cloches statiques accompagné par une plus grosse cloche en volée, au moins au nord de la Loire).
Autrefois, le curé communiquait l’annonce d’un décès par une autre sonnerie particulière. Plus simplement, l’Angélus (7h, 12h, 19h) scande la journée en invitant les chrétiens à se tourner vers la Vierge Marie puisqu’il rappelle la Salutation angélique.
À cela s’ajoutent des fonctions civiles : le tristement célèbre tocsin sur la plus grosse cloche, annonçant les dangers imminents ou le grand carillon lors des visites de chefs d’État ou la fête nationale.
Aujourd’hui, seule ou presque subsiste la sonnerie des heures et des quarts d’heures assurée à Louviers par un carillon de trois cloches statiques au-dessus du cadran sud, installé dès le XIX° siècle. L’électrification du système, récemment modernisé, ne doit pas faire oublier le dur travail des sonneurs d’autrefois !
Étonnez-vous s’ils dormaient bien ! Avec un grand merci à Jean-Pierre Girault.
Danielle Morin - Pastorale du Tourisme et des Loisirs