Relecture
Sommaire
Fonder notre action sur le reconnaissance
Trois étapes pour récapituler le cheminement de la relecture proposé par St Ignace
Fonder notre action sur la reconnaissance*
Relire sa vie sous le regard de Dieu c’est fonder son action sur la reconnaissance : comme le dit saint Ignace
" Demander une connaissance intérieure de tout le bien reçu, pour que moi, pleinement reconnaissant, je puisse en tout aimer et servir sa divine majesté. "
E.S. n°233
Fonder l’agir sur la reconnaissance, c’est le soustraire radicalement au pouvoir de la volonté de puissance et de domination, aux pièges de l’activisme et de la propagande. En effet, :
- Agir par devoir n’exclut pas la volonté obsessionnelle d’atteindre le but qu’on s’est fixé sans tenir compte du contexte humain et spirituel de l’action entreprise.
- Agir par reconnaissance situe d’emblée l’action dans la gratuité et la libéralité de l’amour.
Nous avons une dette de reconnaissance envers le Père dont l’Amour nous enveloppe, envers le Fils qui est notre Sauveur, envers l’Esprit qui est notre force.
* Texte tiré de la revue Vie Chrétienne " Relire sa vie pour y lire Dieu ",
Extraits de l’article de Michel Rondet sj, page 22 et 23.
" Il y a bien longtemps que je ne fais plus chaque soir le compte de mes fautes, mais celui de mes dettes et je crois que Dieu aime mieux ça. "
écrivait Marie Noël dans son livre " Notes intimes ".
" L’idée de revoir sa journée n’est pas spécifiquement chrétienne : La relecture chrétienne diffère radicalement dans son esprit de l’examen stoïcien, (…) monologue qui met le sage en présence exclusivement de lui-même. La relecture chrétienne (…) est un dialogue dans lequel le croyant éprouve sa conformité (…) à une loi divine, la loi de charité révélée par Dieu lui-même en Jésus-Christ dont il fait son modèle. "
D’après Jean Claude Guy, Dictionnaire de Spiritualité, IV, col. 1807.
Psaume 91, 5-6
Tes œuvres me comblent de joie ;
Devant l’ouvrage de tes mains, je m’écris :
" Que tes œuvres sont grandes, Seigneur !
Combien sont profondes tes pensées ! "
Trois étapes pour récapituler le cheminement de la relecture proposé par St Ignace.
1- Rendre grâce " de Toi à moi "
" Comment la vie émerge-t-elle ? La source, dans les agitations de la journée, donne une eau trouble ; la prière d’alliance va permettre de la laisser décanter. *Ainsi va se dégager pour moi, dans le calme du moment où je me pose devant Dieu, ce qui a vibré de vie pendant la journée. Et cette vie, c’est Lui qui la donnait.
Je me souviens et mon âme déborde :
En ce temps-là, je franchissais les portails !
Je conduisais vers la maison de mon Dieu
la multitude en fête,
Parmi les cris de joie et les actions de grâces.
Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ?
Espère en Dieu ! De nouveau, je rendrai grâce :
Il est mon sauveur et mon Dieu. "
(Psaume 41, 5-6)
" L’homme est créé pour louer " : la louange, l’action de grâce qui ouvrent la prière d’alliance ne nous sont peut-être pas très spontanées. Or, elles sont une porte d’entrée nécessaire, sinon la prière d’alliance se réduit à l’aspect moral de la relecture. L’entrée dans la prière d’alliance demande de revenir à la source, et la source de la louange est regard aimant vers Dieu agissant sans cesse dans l’histoire.
La prière d’alliance sera peut-être simplement le temps d’apaisement où, dans une dure journée, je retrouve un instant la joie qui est le signe de l’Esprit. Je découvre alors comment j’ai été comblé par le Seigneur à travers tout ce qui donne goût à l’existence. ET JE DIS MERCI !
" De Toi à moi " : Je regarde et repère les signes reçus du Seigneur. Le don reçu fait entrer dans la relation.
2- Se laisser réconcilier " Tu me fais voir le point où j’en suis "
Voilà bien la phase la plus délicate : nous sommes assaillis par le sentiment de culpabilité, ou, au contraire, nous négligeons cette étape parce que l’idée du péché est devenue insignifiante pour nous. La relecture ne va pas sans un travail de discernement, elle ne met pas l’essentiel et l’accessoire sur le même plan, parce que je relis ma vie dans la lumière de l’Esprit.
Essayons de trouver la justesse de perception nécessaire pour porter notre regard sur les ombres de notre vie. D’abord, elles ne sont ombres que par la lumière du Seigneur.
La Parole de Dieu éclaire les zones cachées de mon être, soit que je la reçoive du fond de mon être, soit qu’elle vienne d’autrui.
Non seulement elle éclaire, mais encore elle assainit, elle guérit, elle révèle le pardon, l’amour de Dieu ; elle fait de mon péché le lieu même de ma conversion, parce que c’est dans ma faiblesse que je découvre la force de Celui qui me créé et me sauve.
C’est de là où j’ai été le plus loin de Lui que j’entends un appel à Le suivre, à L’imiter.
" Tu me fais voir le point où j’en suis " : de moi à Toi
Ce que je vais découvrir de ma journée sera divers, multiple. Peut-être serai-je découragé ? Alors, plutôt que de combattre sur tous les fronts, j’en choisirai un seul ; cette décision indique ma disposition à accueillir ce que Dieu veut me donner.
Pour ne pas rester dans l’imaginaire, je fais bien la distinction entre mes pensées, mes paroles et mes actions. Ce qui est à considérer c’est la réalité telle que je la vis et non telle que je l’imagine.
Je découvre l’action de l’Esprit en expérimentant que je peux être transformé, me convertir.
Je suis prêt alors à accueillir le pardon de Dieu.
3- Partir à nouveau * " Nous deux, demain "
C’est le moment où, ayant repéré " le point où j’en suis ", je peux envisager l’avenir ou du moins la journée qui vient, avec réalisme, dans la mouvance de l’Esprit.
J’entre dans la recherche de la volonté de Dieu, des décisions que j’ai à prendre, du choix toujours à refaire de suivre Jésus Christ par des actes concrets, dans ma vie quotidienne.
On appelle " accompagnement " le fait de parler régulièrement à quelqu’un qui écoute et conseille. Il permet de verbaliser ce qui est découvert dans la prière d’alliance.
Décharge ton fardeau sur le Seigneur : Il prendra soin de toi.
Les soucis, les décisions à prendre font partie du fardeau quotidien.
Je m’appuierai sur la miséricorde reçue pour repartir.
C’est là où j’ai reçu le pardon du Seigneur que je me sens fort, d’une force qui m’entraîne vers l’avant.
À nous d’inventer des formes qui nous aident à " chercher et trouver Dieu en toutes choses ".
Car autant il existe d’exercices divers pour apprendre une langue étrangère, autant peut varier la forme de la prière d’alliance suivant l’âge, l’état de vie, les choix à faire ou les expériences à évaluer…
* Texte tiré de la revue Vie Chrétienne " Relire sa vie pour y lire Dieu ".
Extraits de l’article de Dominique Gonnet sj. Pages 30 et 31.
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